Depardon au grand palais

22/12/2013 à 09h51, Auteur : rédac-rss // Sorties-Loisirs-Culture

Le monde en couleur de Raymond Depardon. Le Grand Palais consacre une exposition sous forme de récit autobiographique au photographe Raymond Depardon, avec comme fil conducteur : la couleur. Un parcours humain et lumineux, à ne pas manquer, jusqu’au 10 février 2014.

Un récit autobiographique. De ses premiers autoportraits à la Ferme du Garet à Villefranche-sur-Saône, où il a passé son enfance, aux grands formats récents aux couleurs vives pris en Amérique latine, en Afrique et en France, le parcours de l’exposition du Grand Palais révèle une oeuvre photographique à l’humanisme marqué et à l’esthétique soignée. La couleur y joue un rôle qui va évoluer tout au long du parcours de Raymond Depardon, de ses débuts en 1958 comme assistant du photographe Louis Foucherand sur l’Ile Saint-Louis, à ses collaborations à l’agence Dalmas en 1960, à l’agence Gamma qu’il crée en 1966, et à Magnum qu’il rejoint en 1978.

L’évidence. « De la fin des années 50 au début des années 80, je faisais de la couleur parce qu’il fallait faire de la couleur, mais je ne pensais pas en couleurs. ». Autoportrait en clair-obscur de 1960, portrait d’Edith Piaf en 1959, couleurs saisissantes de l’Algérie qu’il photographie en 1961 alors pigiste à l’agence Dalmas, … la couleur est dès les débuts de la carrière de Raymond Depardon, bien présente.

En 1971, Raymond Depardon part en reportage au Chili et photographie les Indiens Mapuches, paysans qui luttaient pour garder leurs terres. Il en rapporte des portraits touchants, comme celui de trois compères pris sous deux angles différents. En 1978, il part à Beyrouth et choisit de photographier non pas la guerre mais ses conséquences : une voiture criblée de balles, le portrait d’une mère et de ses enfants... A Glasgow en 1980, il découvre la lumière du Nord et saisit sur le vif les enfants jouant dans la rue, apportant une touche colorée sur fond d’un paysage désolé de bâtiments gris presque noirs. Des clichés où la présence de l’humain contraste avec le décor.

La douceur. Néanmoins, Raymond Depardon n’a connu « la révélation de la couleur qu’en 1984, au moment de la mission de la DATAR, visant à dresser un portrait de la France. » Il photographie à la chambre et en couleurs les lieux de son enfance et la Ferme familiale. « Tout à coup, la couleur m’est apparue comme une évidence. » Liée à son enfance rurale, la couleur représente pour lui la joie.

A partir des années 2000, il commence à photographier en couleur pour son plaisir, avec des séries commandées par la Fondation Cartier pour l’art contemporain comme celle sur les Indiens Yanomami du Brésil en 2003. Raymond Depardon qualifie ces photographies réalisées librement au cours de ses voyages avec l’expression « Un moment si doux ». C’est le titre de la dernière partie de l’exposition, qui présente des clichés pris en France, en Amérique latine ou en Afrique comme la plage de Waïkiki en 2013, au pied des buildings, ou le portrait d’un bolivien à un coin de rue. Est venu pour Raymond Depardon, le temps de la douceur et de la liberté.

Raymond Depardon, photographe et cinéaste. Né en 1942 dans une famille d’agriculteurs à Villefrance-sur-Saône (Rhône), Raymond Depardon passe son enfance à la Ferme du Garet, où il prend ses premières photographies. En 1958, il devient l’assistant du photographe Louis Foucherand, installé sur l’Ile Saint-Louis à Paris. En 1960, il rentre à l’agence Dalmas et commence les reportages à l’étranger. En 1966, il crée l’agence Gamma avec Hubert Henrotte, Hugues Vassal, Léonard de Remy et Gilles Caron. En 1974, il tourne son premier long métrage documentaire sur la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing : 1974, une partie de campagne. En 1978, il rejoint l’agence Magnum. En 1984, la Mission photographique de la Datar fait appel à lui. Il a reçu de nombreux prix pour ses photographies mais aussi pour ses films : Grand Prix national de la photographie en 1991, César du meilleur documentaire avec Délits flagrants en 1995. En tant que cinéaste, il réalise en particulier : Profils paysans en 2001 et 2005, et Journal de France en 2012. En 2012, il réalise le portrait officiel du président de la République François Hollande.

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