Le musée d’Orsay expose une sélection de ses chefs-d’œuvre en régions au musée de La Cour d’Or à Metz, à partir du 1er avril, et au musée Bonnard au Cannet, dès le 13 mai. Explications des commissaires d’exposition Leïla Jarbouai et Isabelle Cahn.

Un florilège de portraits d’artistes à Metz

Fruit d’un partenariat entre le musée d’Orsay et le Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole, l’exposition propose un exceptionnel parcours à travers les très riches collections d’arts graphiques de l’institution parisienne, autour du thème du portrait et de l’autoportrait d’artiste. Elle présente une sélection d’œuvres réalisées entre 1850 et 1923, représentatives des techniques graphiques de la seconde moitié du XIXe siècle.

« La collection d’arts graphiques du musée d’Orsay comporte près de 70 000 feuilles, explique Leïla Jarbouai, commissaire de l’exposition. Nous avons choisi 84 œuvres graphiques pour l’exposition à Metz, dont plusieurs carnets très rarement exposés en raison de leur manipulation délicate mais importants à montrer car ils permettent de pénétrer dans l’intimité de la création de l’artiste. Cette sélection est conçue comme un équilibre entre des dessins connus, comme les Portraits de Manet par Degas et des œuvres très rarement montrées comme de grands dessins d’Albert Besnard, restaurés pour l’occasion, ou des dessins moins connus tel un Portrait d’Odilon Redon par Maurice Denis préparatoire pour l’Hommage à Cézanne. »

« Parmi les chefs-d’œuvre exposés, se trouve un Double Portrait de Paul Gauguin et de Camille Pissarro réalisé sur la même feuille, ce qui est très rare, poursuit Leïla Jarbouai. Il montre comment deux artistes, à un moment de leur carrière, créaient ensemble jusqu’à utiliser le même crayon et la même feuille pour réaliser leurs portraits respectifs. Chacun utilise le style de l’autre pour le représenter : le portrait de Pissarro par Gauguin est réalisé dans un style proche de celui de Pissarro, alors que celui de Gauguin par Pissarro est dans la veine du style graphique de Gauguin. C’est comme si l’artiste s’inspirait du style de son modèle pour en faire le portrait. Nous retrouvons cette pratique dans plusieurs œuvres au fil du parcours. Dans cette exposition, nous montrons également plusieurs portraits de femmes artistes. Par exemple, le Portrait de Marie Botkin par Redon représente une artiste qui participait à l’œuvre de Redon à travers la création de céramiques. Ce portrait très symbolique et mystérieux utilise toutes les ressources du noir et du pastel pour mettre en valeur, par contraste, la lumière du visage de son modèle, perdu dans le lointain. D’autres portraits de femmes sont aussi présentés comme celui de Mary Cassatt par Degas ou Madeleine-Jeanne Lemaire par Albert Besnard. »