Illettrisme scientifique, l’inquiétude

2/07/2011 à 06h42, Auteur : rédac-rss // Emploi, formation, école

 L’Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie (I.H.E.S.T.) organise sa troisième université européenne d’été, du 28 août au 1er septembre 2011 à la Cité de la culture et du tourisme durable, Château Laval, Gréoux-les-Bains, sur le thème : "Science, culture, éducation : des sociétés guettées par l’illettrisme scientifique ?"

Des interrogations, voire des inquiétudes se cristallisent autour de la réalité, et peut-être de la progression d’un « illettrisme scientifique ». L’Académie des sciences américaine a jugé le phénomène suffisamment important pour lui accorder récemment une séance et plusieurs publications également récentes se sont inquiétées de la montée en puissance de la Scientific Illiteracy, qui ne désigne pas tant l’absence d’éducation scientifique que l’incapacité à s’approprier les résultats et la méthode de la science. L’illettrisme scientifique représenterait un obstacle important, tant au développement des économies fondées sur la connaissance que pour le fonctionnement des démocraties, où les options stratégiques liées à la recherche scientifique et au développement technologique sont devenues centrales. Il concerne tant l’entrepreneur que le politique et plus largement le citoyen. En Europe, les résultats de l’enquête PISA ont pu nourrir quelques inquiétudes semblables quant au système éducatif et ont été abondamment commentés. S’inquiéter de l’absence ou d’un manque de culture scientifique, c’est supposer des normes, rarement précisées, sur ce que devraient être l’éducation aux sciences et la culture scientifique. Un des premiers enjeux de l’université européenne d’été sera de faire le point sur ce constat : en quoi est-il justifié ? Quelles réalités recouvre-t-il ? Quelles normes présuppose-t-il ? 
L’éducation tout au long de la vie sera au cœur des travaux de l’université européenne d’été. Ce sera l’occasion de revenir sur l’objet même de l’école et de l’université : s’agit-il de transmettre des résultats acquis ou bien de communiquer, voire de faire vivre, l’esprit de recherche ? Les mêmes stratégies servent-elles ces deux intérêts ? Avons-nous grâce aux travaux notamment de la psychologie et des sciences cognitives, une meilleure connaissance de ce que sont l’acte d’enseigner et l’acte d’apprendre ? 
 
Une réflexion sur ce que recouvre « dire la science » sera proposée : qui est en situation de le faire, qu’est-ce qui doit être communiqué de la démarche scientifique pour la vulgariser sans la dénaturer, quel impact de la sur-médiatisation de leurs travaux par les scientifiques eux-mêmes, quelles relations entre les acteurs de l’éducation, de la culture et du monde associatif, dans quels lieux « carrefours » l’innovation nécessaire pour cette acculturation peut-elle se développer ? 
La culture scientifique sera examinée au prisme des cultures. Un regard croisé international de ce qui est entendu par « culture et illettrisme scientifiques » sera porté, à la lumière d’exemples américains, brésiliens, asiatiques et européens. Il sera complété par un éclairage local sur les enjeux de la culture scientifique et technique dans le contexte du territoire où se déroule l’Université européenne d’été. 
Enfin, des analyses seront proposées sur les enjeux de démocratie et d’innovation. Sur ce second point, seront abordés notamment les nouveaux médias et les technologies de l’information mais aussi les nouveaux concepts d’acculturation liées aux environnements urbains de demain. Dans le cadre de la compétition qui se joue entre les territoires créatifs, en lien avec le potentiel universitaire, éducatif et culturel, les stratégies industrielles seront questionnées. 
Les conclusions de l’université d’été s’attacheront notamment aux questions de la mesure de la culture scientifique et technique et des évaluations sur laquelle elle se fonde. Quels sont les indicateurs disponibles et faudrait-il en développer de nouveaux pour créer les synergies nécessaires à favoriser la culture scientifique ?
 

Répondre à cet article