Les sculptures de Picasso

10/03/2016 à 06h41, Auteur : rédac-rss // Sorties-Loisirs-Culture

A partir du 8 mars, le musée national Picasso à Paris présente au public l’exposition Picasso. Sculptures. Focus sur trois séries d’œuvres exposées à cette occasion.

L’exposition. Picasso. Sculptures invite à découvrir, du 8 mars au 28 août, au musée national Picasso, la sculpture de l’artiste à travers l’angle de l’oeuvre multiple. Elle aborde la question des séries et variations, fontes, tirages et agrandissements réalisés à partir des originaux sculptés. A travers plus de 240 oeuvres l’exposition retrace le parcours de Picasso sculpteur des premiers modelages des années 1900 aux agrandissements en tôle des années 1960.

Tête de femme (Fernande). Parmi les premières sculptures créées par Picasso, figure la Tête de femme (Fernande) réalisée en 1906, pour laquelle il prend sa compagne Fernande Olivier comme modèle. Les traits délicatement incisés et la facture classique du visage contrastent avec l’aspect volontairement inachevé de la chevelure et du cou évoquant le « non finito » du sculpteur Auguste Rodin. Dans une version ultérieure de la Tête de femme (Fernande) réalisée en 1909, Picasso se détache du modèle rodinien, appliquant le cubisme à la sculpture en utilisant la multiplication des points de vue. « Dès 1910 par l’intermédiaire du marchand Ambroise Vollard, Picasso fait éditer ses sculptures », explique Virginie Perdrisot, commissaire de l’exposition. « Vollard acquiert cette année-là cinq originaux de sculptures de Picasso et les fait fondre en bronze en un certain nombre de tirages.

 

Par là même, la sculpture de Picasso va entrer dans des collections privées et publiques prestigieuses. La série de Tête de femme (Fernande) de 1909 est largement diffusée et va connaître une grande notoriété par le biais des éditions en bronze. » Est exposée notamment la version acquise par le photographe Albert Stieglitz en 1912 et montrée lors de l’exposition à l’Armory Show de New York en 1913. « C’est grâce à cette sculpture que le public américain va connaître dès les premières années la sculpture de Picasso », poursuit Virginie Perdrisot. Deux plâtres ayant servi de modèle aux éditions en bronze sont aussi exposés.

Verre d’absinthe. Une salle de l’exposition est consacrée à la série des Verres d’absinthe réalisée en 1914. « La réunion de la totalité de cette série est un des événements exceptionnels de l’exposition. Elle n’avait encore jamais été rassemblée à Paris depuis qu’elle avait quitté l’atelier de Picasso en 1914. Cette année-là, Picasso modèle dans la cire un verre d’absinthe. C’est une forme typique du cubisme de Picasso, une figure ouverte visible sur plusieurs faces, à laquelle Picasso va adjoindre un objet, qui est une cuillère à absinthe.

Son marchand Daniel-Henry Kahnweiler fait éditer, à partir de ce modèle original, six éditions en bronze. Picasso leur ajoute un décor peint, parfois recouvert de sable, qui est totalement unique. Par le biais de la peinture et de la polychromie, Picasso fait de ce multiple, un original. Toutes les cuillères sont, elles aussi, différentes », commente la commissaire. Ces six sculptures proviennent toutes de collections prestigieuses : le Centre Pompidou, le MoMA, le Metropolitan Museum of arts, le Philadelphia museum of art, le Musée Berggruen à Berlin, et une collection privée.

Galets. Picasso s’est intéressé à des matériaux d’une grande diversité. Il a en particulier réalisé des petits objets sculpturaux à partir de petits galets ramassés sur la plage, notamment celle de Golfe-Juan en Méditerranée. Captivé par leur beauté naturelle, Picasso incisait avec un ciseau à pierre des motifs épousant les limites et les volumes des objets, les transformant en têtes de faunes, d’oiseaux ou d’hommes. « On trouve dans la sculpture de Picasso tous les formats. Pour lui, il n’y avait pas de hiérarchie », précise Virginie Perdrisot. « Quand Brassaï a photographié ses sculptures pour l’ouvrage Les Sculptures de Picasso de Kahnweiler, paru en 1949, Picasso lui a demandé de photographier autant les papiers déchirés que les galets que des petits morceaux d’assemblage qu’il avait réalisés, des choses très précaires. »

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