Louvre Abu Dhabi, naissance d’un musée

1er/05/2014 à 00h05, Auteur : rédac-rss // Sorties-Loisirs-Culture

En avant-première, le Louvre à Paris expose, du 2 mai au 28 juillet, une sélection de la collection du futur Louvre Abu Dhabi qui ouvrira ses portes en décembre 2015. Une étape dans le projet, expliquée par les commissaires de l’exposition Vincent Pomarède et Laurence des Cars.

160 chefs d’oeuvre

Avec l’exposition Louvre Abu Dhabi, naissance d’un musée, le Louvre présente 160 chefs d’oeuvre appartenant aux collections acquises par les Emirats Arabes Unis. Vincent Pomarède, directeur du département des Peintures et directeur de la Médiation et de la Programmation Culturelle du Louvre, resitue l’exposition par rapport au projet d’Abu Dhabi. « Cette exposition est une étape dans le travail qui est en cours depuis 2007 (date de la signature de l’accord intergouvernemental qui unit les Emirats arabes unis et la France), coordonné par l’Agence France Museum. Le Louvre Abu Dhabi est un projet porté par la France et par les musées nationaux français, qui ont donné leur avis sur les acquisitions et ont participé à des prêts. Le Louvre, ayant donné son nom au Louvre Abu Dhabi, a souhaité que cette exposition ait lieu au sein de ses espaces. L’exposition n’a pas été pensée comme une préfiguration du futur musée, mais comme une présentation des collections achetées par le Louvre Abu Dhabi depuis 5 ans, qui sont à distinguer des collections qui lui seront prêtées l’année prochaine. Le futur musée ne peut évidemment se concevoir que dans le dialogue qu’il va construire entre les œuvres de ses collections et les 300 œuvres qui seront prêtées par les musées nationaux français. »

Le projet architectural porté par Jean Nouvel pour le Louvre Abu Dhabi est présenté en introduction de l’exposition, avec une maquette et un film qui « évoque l’univers poétique, l’ambiance lumineuse du futur musée, avec ce travail singulier sur la coupole qui couvre l’ensemble du bâtiment ».

« Une toute jeune collection qui a une âme »

L’exposition est donc un coup de projecteur sur la collection elle-même. « C’est une toute jeune collection, poursuit Vinent Pomarède. Elle est en cours de constitution depuis 2009 et a déjà un niveau de qualité et de quantité tout à fait impressionnant. C’est émouvant car il y a peu de collection de musée public qui se crée aujourd’hui. »

Dans cette exposition, la collection est présentée dans l’ordre chronologique, en partant de l’Antiquité, avec des statuettes féminines, aux débuts de la figuration humaine et traversant les siècles, et les pays – Europe, Asie, Afrique - pour aboutir sur le XXe siècle avec de grands noms comme Magritte et Picasso.

La volonté est de « donner à regarder des chefs d’oeuvre, des œuvres nouvelles et inédites. Nous ne cherchons pas à ce stade à faire des rapprochements complexes qui seront ceux du Louvre Abu Dhabi, qui se veut un musée universel, mettant en scène le dialogue des cultures et des religions. Nous avons avant tout cherché à montrer les œuvres elles-mêmes dans leur beauté, avec une sobriété volontaire dans la présentation. Néanmoins, souvent le dialogue entre les œuvres s’impose de lui-même. C’est par exemple la présentation côte à côte des sculptures représentant des divinités de différentes religions. Même si la présentation ne sera pas forcément la même dans le futur site, ceci montre que cette collection a une âme. »

« Un musée universel »

Les acquisitions continuent aujourd’hui et continueront après l’ouverture du musée en 2015. La France accompagne cette politique d’acquisition par des prêts : 300 à l’ouverture, 200 10 ans plus tard. « Dans 10 ans, cette collection se suffira à elle-même et aura répondu à tous les enjeux scientifiques et techniques du projet initié par la France, en partenariat avec les Emirats Arabes Unis. » précise Vincent Pomarède.

Laurence des Cars, directrice du musée de l’Orangerie et ancienne directrice de l’Agence France Museum, apporte des précisions sur la constitution de cette collection et sa politique d’acquisition.

« Avec le Louvre Abu Dhabi, c’est la première fois que deux pays s’associent par le biais d’un accord diplomatique pour la création d’un musée. Un musée universel comme c’est écrit dans le premier article de l’accord intergouvernemental. Potentiellement il peut accueillir toutes les civilisations et toutes les cultures. »

« La première acquisition du Louvre Abu Dhabi, se rappelle-t-elle, est celle d’un tableau de Mondrian, acheté en 2009 lors de la vente de la Collection Bergé-Saint Laurent. » Parmi les acquisitions les plus récentes, la série des peintures de Cy Tombly date de 2008. Aucune censure n’a été appliquée, insiste Laurence des Cars, notamment en ce qui concerne les religions, comme en atteste la présence dans les collections par exemple, d’une Bible gothique, d’un Coran orné et d’une Torah yéménite. Parmi les autres pièces clefs exposées, deux plâtres des Pugiliste, Creugas et Damoxène de Canova, statues présentées dans la Cour du Belvédère au Vatican. « Le musée du Louvre Abu Dhabi c’est d’abord sa collection, cet esprit universel et de tolérance » conclut Laurence des Cars.

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