Oxymores : l’art urbain invité au ministère de la Culture

12/04/2015 à 08h41, Auteur : rédac-rss // Sorties-Loisirs-Culture

Le ministère de la Culture et de la Communication présente l’exposition collective "Oxymores", projet destiné à valoriser l’art urbain. A découvrir du 3 au 26 avril le long des rues Saint-Honoré, Bons-Enfants et Croix-des-Petits-Champs, dans le 1er arrondissement de Paris.

Un paradoxe fécond

Le nom singulier d’Oxymores vient de cette contradiction : quel pourrait être le lien entre une institution d’Etat et l’art urbain, héritier artistique informel de l’underground se développant de manière semi-illégale depuis 40 ans ? Si, sur la forme, les convergences ne sont pas flagrantes, on retrouve les mêmes valeurs dans les deux camps : avant tout la liberté, de création et d’expression, l’impulsion donnée à la jeunesse et à l’audace, et la pluralité artistique. 

À cet effet, le ministère de la Culture et de la Communication « offre » ses vitrines ; et plus particulièrement celles du siège administratif, le site dit des « Bons-Enfants », pour exposer les interventions de quinze artistes influents dans le monde sans frontières de l’art urbain. Elise Herszkowicz (Art Azoï, Paris) et David Demougeot (Bien Urbain, Besançon), les commissaires de l’exposition, proposent aux promeneurs du 1er arrondissement de (re)découvrir L’Atlas, Combo, Eltono, Jean Faucheur, Honet, Koralie, Lek et Sowat, Marko 93, O’Clock, OX, Surfil, Thom Thom, Jacques Villeglé et Gérard Zlotykamien.

La richesse de l’art urbain

S’ils sont plus ou moins connus du grand public, et incarnent eux-mêmes la diversité des styles, des âges et des cultures, ces artistes très actifs incarnent un genre « non-officiel » et éclectique, qui a progressivement gagné ses lettres de noblesse au fil des années et des coins de rue.

Ainsi l’harmonie japonisante de Koralie côtoie la vision cubiste de l’Atlas ou d’Eltono ; le adbuster (anti-consumériste, "déchireur" de publicités) Thom Thom retrouve son ami Jean Faucheur et son maître Jacques Villeglé. O’Clock, vu comme l’un des tagueurs les plus prolifiques de Paris, fait face à Combo, l’auteur du fleurissant leitmotiv Coexist reprenant dans sa typographie les signes distinctifs des trois religions monothéistes.

Les œuvres ont été réalisées in situ par les artistes entre le 16 mars et le 2 avril. Filmée par le réalisateur et photographe Cristobal Diaz, une vidéo-reportage décryptant ce processus de création artistique, est exposée en continu dans le hall du bâtiment, au 182 de la rue Saint-Honoré.

Le bâtiment des "Bons-Enfants" affiche ici un art autodidacte, pluriel et spontané, qui échappe aux logiques et enjeux financiers. L’art urbain existe pour décorer, réfléchir ou interroger, gratuitement, librement. Son caractère éphémère, marque de son indépendance, et son accessibilité à tous, célèbrent la notion du « vivre ensemble ». Des visites sont prévues pour le public scolaire afin qu’il échange avec les commissaires d’exposition et les artistes sur la question de l’art dans l’espace public.

Autour du projet

Désireux de réaffirmer son attachement et de soutenir les pratiques artistiques dans toutes leur diversité, le ministère annonce à l’occasion de cette exposition un plan pour l’art urbain. Ainsi, Oxymores sera suivi de rencontres organisées entre artistes, acteurs du monde de l’art, historiens, critiques d’art, élus et représentants d’institutions. Enfin, dans la continuité d’Oxymores, dix artistes seront invités en 2016 dans le cadre de la commande publique à créer des peintures murales dans toute la France. 

Pour la ministre Fleur Pellerin, et selon ses mots, Oxymores est ainsi l’occasion de « défendre une création libre et indépendante, [et de] faire de la culture un vecteur de lien et de justice sociale ».

Répondre à cet article