Plus d’agressions chez les SDF

19/12/2015 à 05h45, Auteur : rédac-rss // Actualités-vie pratique

 Début 2012, 85 000 adultes francophones âgés de 18 à 75 ans ont utilisé au moins une fois les services d’hébergement ou de restauration dans les agglomérations de 20 000 habitants ou plus en France métropolitaine (sources). Parmi ces personnes, 66 000 adultes étaient sans domicile : ils avaient passé la nuit précédant l’enquête dans un lieu non prévu pour l’habitation ou dans un service d’hébergement.

Le jour de l’enquête, 26 % d’entre eux déclarent avoir subi au moins un vol ou une tentative de vol au cours des deux années précédentes, quelles que furent leurs conditions de logement durant ces années-là (figure 1). Ce n’est le cas que de 3 % de la population âgée de 18 à 75 ans vivant en logement ordinaire.

Par ailleurs, 29 % des sans-domicile francophones fréquentant des services d’aide affirment avoir été personnellement victimes d’agression ou d’acte de violence (y compris menaces et injures), en 2011 ou 2010, contre 17 % de la population vivant en logement ordinaire.

 

Les personnes sans abri, c’est à dire celles qui, la veille de l’enquête, ont dormi dans un lieu non prévu pour l’habitation, ont été plus souvent victimes d’un vol (42 %) ou d’une agression (33 %) que les autres personnes sans domicile. De même, celles qui ont passé la nuit dans un hébergement collectif qu’elles ont dû quitter le matin ont subi plus fréquemment des vols que celles qui ont pu y rester la journée (38 % contre 26 %). Elles ont également plus souvent été agressées (34 % contre 27 %). Un quart des sans-abri ont ainsi déclaré ne pas vouloir se rendre dans ces centres, craignant l’insécurité qui y régnait.

Les sans-domicile bénéficiant d’un logement ou d’une chambre d’hôtel fournie par une association ou un organisme d’aide sont moins souvent victimes de vol ou d’agression. Leur taux de victimation reste toutefois très supérieur à celui de la population vivant en logement ordinaire.

Haut de page

Les femmes et les personnes seules subissent plus d’agressions

 

Parmi les adultes sans domicile, les hommes ont subi plus fréquemment que les femmes au moins un vol ou une tentative de vol (28 % contre 22 % ; figure 2). Les femmes, qui représentent 38 % des sans-domicile francophones, bénéficient d’une situation de logement généralement plus stable, et sont ainsi moins souvent exposées aux vols. En effet, les hébergements en hôtel ou en logement accueillent une plus forte proportion de femmes (55 %), tandis qu’elles ne représentent que 5 % des sans-abri.

 

Parmi les sans-domicile, vivre seul accentue également le risque d’être victime : ainsi, 33 % d’entre eux ont été victimes d’agression et 29 % ont subi un vol, contre respectivement 12 % et 15 % de ceux vivant en couple.

Les sans-domicile sont plus souvent victimes d’agression avant 40 ans (35 %) et moins fréquemment après 50 ans (20 %). C’est également lorsqu’ils sont âgés de moins de 40 ans, plus particulièrement entre 30 et 39 ans, qu’ils subissent le plus de vols (30 %).

Haut de page

Quatre victimes d’agression sur dix ont subi des mauvais traitements pendant l’enfance

 

La très grande majorité des personnes sans domicile (86 %) a vécu au moins un événement douloureux lié à son environnement familial avant l’âge de 18 ans (figure 4). Cette proportion est encore plus importante parmi les sans-domicile victimes de vol (90 %) ou d’agression (92 %). En effet, les sans-domicile portent souvent le poids d’une enfance marquée par des événements familiaux douloureux (conflits, décès, séparation...), susceptibles de fragiliser leurs parcours d’enfant et d’adulte.

40 % des personnes sans domicile victimes d’agression ont subi des violences ou des mauvais traitements pendant leur enfance (contre 25 % des sans-domicile et 2 % de la population vivant en ménage ordinaire). C’est le cas de 50 % des femmes sans domicile victimes d’agression (contre 36 % des femmes sans domicile dans leur ensemble). Enfin, près de 60 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans victimes d’agression au cours des deux dernières années ont subi des violences familiales durant leur enfance. On ne peut exclure, pour les plus jeunes, que les agressions subies correspondent à des violences familiales endurées alors qu’ils vivaient dans leur logement précédent, lesquelles les ont conduit à se retrouver sans domicile. Mais seuls 4,4 % des sans-domicile de 18 à 24 ans victimes d’agression ont déclaré être sans domicile à la suite de violences familiales.

 

 

Sources

 

Les données sont issues de trois enquêtes :

- l’enquête auprès des personnes fréquentant les services d’hébergement et de distribution de repas réalisée en 2012 par l’Insee et l’Ined dans les agglomérations d’au moins 20 000 habitants de métropole ; le champ est ici limité aux francophones ;

- l’enquête Cadre de vie et sécurité (CVS) de 2012, qui interroge des ménages ordinaires résidant en métropole sur les atteintes subies au cours des deux années précédant l’enquête ;

- l’enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie des ménages (SRCV) de 2011.

 

Définitions

 

Une personne est dite sans domicile si elle a passé la nuit précédant l’enquête dans un lieu non prévu pour l’habitation (on parle alors de sans-abri), y compris les haltes de nuit qui leur offrent un abri mais qui ne sont pas équipées pour y dormir, ou dans un service d’hébergement (hôtel ou logement payé par une association, chambre ou dortoir dans un hébergement collectif, lieu ouvert en cas de grand froid). Certaines personnes peuvent ne pas avoir de logement personnel sans pour autant être sans domicile (en foyer, à l’hôpital, en prison, dans un squat, hébergées par un particulier…).

Vols : vols ou tentatives de vol personnels, hors cambriolages ou vols dans des logements.

Agressions : physiques, sexuelles ou verbales (menaces ou injures).

Bibliographie

 

Yaouancq F. et al., « L’hébergement des sans-domicile en 2012 - Des modes d’hébergement différents selon les situations familiales », Insee Première n° 1455, juillet 2013.

Yaouancq F., Duée M., « Les sans-domicile en 2012 : une grande diversité de situations », in France, portait social, collection Insee Références, novembre 2014.

Répondre à cet article