Susan Hiller, Channels au musée

30/07/2013 à 06h54, Auteur : rédac-rss // Sorties-Loisirs-Culture

Le centre d’art contemporain La synagogue de Delme présente du 12 juin au 29 septembre l’exposition Channels de l’artiste américaine Susan Hiller qui vit à Londres de puis 1969. Il s’agit de l’une des artistes les plus influentes de la scène britannique depuis 40 ans.

 

Channels. L’œuvre de Susan Hiller, produite par Matt’s Gallery à Londres, est présentée à la synagogue de Delme dans une version française enregistrée pour l’occasion par le centre d’art. Il s’agit d’un immense mur de couleurs et de sons composé de plus d’une centaine de téléviseurs analogiques, dont les écrans bleus et gris, les voix désincarnées et le grésillement de bruits blancs forment un collage de témoignages d’expériences de mort imminente, savamment orchestrés par l’artiste. L’œuvre se déploie doucement et les visiteurs la découvrent peu à peu : ils s’assoient, observent et attendent devant des écrans sans image, sur lesquels apparaît un ballet de couleurs dont les teintes varient lentement. Soudain, une voix émerge et perce le silence. D’autres la rejoignent et elles s’élèvent toutes ensemble, dans un murmure d’humanité naissante. Les voix vont et viennent, et histoires singulières , rassemblées depuis de nombreuses années aux quatre coins du monde, nous parviennent nettement.

 

Ces multiples descriptions anonymes contiennent des éléments récurrents, délivrés d’une voix claire et neutre : lumières iridescentes, chaleur soudaine, flottement au-dessus de son propre corps, perte des sentiments de douleur ou de peur, rencontres avec des inconnus ou des membres de sa propre famille décédés depuis longtemps, expliquant que l’heure n’est pas venue, juste avant le retour à la conscience. Tandis que les témoins relatent leurs souvenirs sans trahir de sentiments, l’effet cumulé du témoignage et des silences qui ponctuent la pièce provoquent chez le spectateur/auditeur une intense émotion.

 

Susan Hiller. L’artiste s’intéresse aux aspects marginaux et mystérieux de l’expérience humaine - souvent qualifiés de triviaux ou d’irrationnels, que l’on a tendance à mépriser : les phénomènes énigmatiques, la foi ou la croyance. L’artiste ne cherche pas à présumer de la "vérité" des expériences de mort imminente, mais les présente plus simplement comme un aspect de la vie, un artefact culturel, ou un fait social. Elle a longtemps été fascinée par l’inquiétante étrangeté inhérente aux voies immatérielles et explique : "Je m’intéresse à la dimension spectrale, à l’étrange et à la part d’ombre qui émane des sons enregistrés, car ils ne permettent plus de distinguer les voix de ceux qui sont morts depuis longtemps de celle des vivants." Avec Channels, Susan Hiller explore la relation entre la technologie, l’étrange et l’au-delà. Ses installations d’avant-garde, ses vidéos multi-écrans et ses œuvres sonores ont acquis une reconnaissance internationale et largement influencé la jeune scène britannique.

 

Durant ses 40 ans de carrière, elle a fait usage de sources aussi diverses que les rêves, les cartes postales, les spectacles de marionnettes, les films d’horreur, l’observation des OVNI... pour concevoir des œuvres marquantes. À partir d’éléments éphémères, parfois apparemment sans importance, Susan Hiller réalise des pièces qui impliquent le public comme témoin des lacunes et des contradictions de notre vie culturelle collective.

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