Les « Chantiers d’Europe » démarrent à Paris

Deux mois après le Forum de Chaillot, qui a réuni les artistes et les intellectuels européens pour penser « une nouvelle Europe de la culture », le festival « Chantiers d’Europe » poursuit le débat en invitant, jusqu’au 28 juin, dans quinze lieux partenaires d’Ile-de-France, la scène artistique émergente du Portugal, de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne.

Chantiers. Depuis cinq ans, un autre discours – que celui de la rentabilité – se fait entendre à Paris. Moins économique et résolument culturel ! Face à la crise, il est apparu essentiel pour Emmanuel Demarcy-Motta, directeur du Théâtre de la Ville, de rappeler que l’Europe s’est d’abord faite par la culture et par les arts. Et si, aujourd’hui comme hier, les artistes pouvaient recréer un lien, un sentiment d’appartenance, entre les habitants et la ville, entre les Européens et l’Europe ? La question est posée aux « Chantiers d’Europe » qui invitent, chaque mois de juin, la nouvelle génération d’artistes européens à se produire sur la scène parisienne, dans la diversité et l’interdisciplinarité de leurs expressions. Après quatre face-à-face entre Paris et une autre capitale européenne, la cinquième édition des « Chantiers d’Europe » rassemble, pour la première fois, trois pays qui ont marqué les années précédentes – le Portugal, la Grèce et l’Italie – et y ajoute l’Espagne. Soit, « quatre pays à qui nous sommes depuis longtemps redevables d’une belle part de notre culture », note Emmanuel Demarcy-Motta.

L’Art du citoyen européen. On l’a compris : à « Chantiers d’Europe », il ne sera donc pas question de « crise » mais de « richesse culturelle ». Pendant un mois, ce festival portera un regard sur l’état de la création dans une « Europe du sud » en proie aux « incertitudes » tout en interrogeant plus largement les pratiques européennes. Que constate-t-on, d’emblée ? Que l’heure est au « décloisonnement », que la nouvelle génération « en a fini avec les compartiments » tant artistiques que cartographiques. Théâtre, danse, musique, cinéma, arts plastiques et performances seront ainsi à l’honneur de cette programmation qui a pour ambition de refléter « toutes les formes artistiques et tous les croisements qui s’inventent » de nos jours. Pour les accueillir et faire résonner « les voix d’artistes qui sont l’Europe d’aujourd’hui », quinze lieux d’Ile-de-France s’associent, parmi lesquels : le Théâtre de la Ville, le Palais de Tokyo, le Centquatre, la Maison de la Radio, le Nouveau Théâtre de Montreuil, le Théâtre de la Cité Internationale...

« Rêve commun ». Dans ce « Chantier d’Europe », les fondations se creusent à l’aide de la « solidarité », non à coup de pioche ou de marteau piqueur, mais par le biais de lectures et de représentations. Il faut « défendre, valoriser et réaffirmer nos idéaux, nos rêves communs » affirme Emmanuel Demarcy-Motta. Notamment, en reconstruisant (pourquoi pas ?) une nouvelle Tour de Babel immatérielle où tous les européens parleraient le même langage... artistique. « Au lendemain des élections européennes, ce rendez-vous prend évidemment une dimension particulière... » La « résistance » doit en être d’autant plus forte ! A l’image de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce et de l’Italie qui, malgré les contraintes budgétaires, proposent « une offre culturelle qui refuse de céder », à la fois vivace et créative. « Il est indispensable, poursuit-il, de continuer à honorer l’Europe des langues, l’Europe des cultures, l’Europe des artistes, qui représentent l’Europe de demain ». « Nous sommes en effet très attachés à cette idée d’ouverture sur l’autre et sur le monde », qui éveille « le goût de l’étranger » pour des cultures que l’on ne connaît pas toujours.

La France. « Comme tant de fois par le passé, la France continue à être un refuge pour un grand nombre de ces merveilleux artistes niés dans leur propre pays », écrit Miguel Moro, correspondant du journal El Paisen France. Avec « Chantiers d’Europe », Paris devient un lieu de soutien et une « fenêtre » sur la création venant de l’« Europe du Sud » qui est « souvent éloignée des champs de décision ». Un paradoxe pour cette scène artistique qui est prompte à imaginer de nouveaux horizons...

INFOS PRATIQUES

Festival Chantiers d’Europe

Du 3 au 28 juin 2014

Au Théâtre de la Ville, Paris et dans 15 lieux partenaires en Ile-de-France