La poésie à l’école

8/03/2014 à 07h50, Auteur : rédac-rss // Sorties-Loisirs-Culture

Le Printemps des poètes, manifestation nationale qui célèbre la poésie du 8 au 23 mars, s’adresse autant au grand public qu’aux élèves. Nous avons posé trois questions sur la poésie à l’école à Julie Nice, responsable des relations avec le milieu scolaire et universitaire et à Jean-Pierre Siméon, directeur artistique.

Quels grands types d’actions proposez-vous dans les écoles dans le cadre du Printemps des poètes ?

Julie Nice : Avec le Printemps des Poètes, il s’agit de faire entendre la parole poétique au plus grand nombre, quels qu’en soient l’âge, la catégorie sociale, la profession. De fait, des milliers de personnes profitent de cette manifestation pour recréer du lien entre les générations, entre les milieux sociaux, entre les cultures. Pour ce moment privilégié, nous tenons compte des vacances scolaires, afin qu’aucune région ne soit exclue, car l’un des principaux publics concernés est, depuis les débuts du Printemps des Poètes, le milieu scolaire.

En termes d’actions, nous promouvons des évènements « légers » et conviviaux, comme « Un jour, un poème », où les enseignants lisent, chaque matin, une œuvre aux élèves, sans exégèse, pour capter l’attention et susciter la curiosité des élèves. Il s’agit d’une version simplifiée de la « Brigade d’Intervention Poétique », autre action où des comédiens viennent en classe faire une lecture impromptue. 

Les enseignants et personnels peuvent également créer des arbres à poèmes, organiser des ateliers « à la manière de... », des ateliers de traduction, des affichages mêlant arts plastiques et poésie, ... 

La Babel poétique est un superbe exemple d’ouverture sur le monde : l’idée, très simple, est de faire lire par les enseignants et les personnels de l’établissement, des poèmes dans leur langue d’origine, pour élargir le répertoire, car la poésie est universelle.

Le Printemps des Poètes est également à la disposition des enseignants pour les orienter vers des auteurs contemporains, avec lesquels organiser une correspondance puis une rencontre. Si nous favorisons les rencontres toute l’année, celles-ci se multiplient au mois de mars. L’inventivité des enseignants et des élèves est très grande. On peut le mesurer en consultant le répertoire d’actions en ligne sur notre site.

Pouvez-vous nous donner deux ou trois exemples d’initiatives concrètes et originales qui vont se dérouler en classes lors de cette édition ?

Julie Nice : Cette année, les initiatives sont nombreuses et très riches. Cela est dû, en partie, à une initiative originale, que nous menons depuis deux ans avec l’Office Central de Coopération à l’Ecole, L’OCCE. Il s’agit du label « Ecole en Poésie », qui est attribué aux établissements scolaires plaçant la poésie au cœur de leur projet éducatif et pédagogique. Plus de 120 établissements, écoles et lycées, ont sollicité et obtenu ce label, y compris à l’étranger, ce qui leur donne accès à des ressources et un suivi quotidien de la part du Printemps des Poètes et de l’OCCE.

Par exemple, nous lançons une opération « Photo-Poème », qui invite les classes à réaliser une photographie, argentique ou numérique, s’inspirant d’un poème inédit, « Bleu Klein » commandé à l’un des grands poètes français contemporains, Zéno Bianu. Cet appel à projet s’intègre dans le thème de l’édition 2014, intitulée « Au cœur des arts », en favorisant la découverte, dès la maternelle, d’un artiste majeur du XXème siècle comme Yves Klein, et des échos donnés à son oeuvre par le travail d’un poète contemporain. Cette opération donnera lieu à une mosaïque de photos en ligne, consultable sur notre site et celui de l’OCCE.

Nous avons également initié, avec le groupe des lettres de l’IGEN (Inspection Générale de l’Education Nationale) et le Cercle Gallimard de l’enseignement, l’opération « Dis-moi un poème », qui invite les élèves du secondaire à enregistrer leur interprétation orale d’un poème. Les lauréats du concours se voient dotés en ouvrages de poésie par les éditions Gallimard, et participent à la création d’une anthologie sonore en ligne, consultable par tous, et valorisée par nos partenaires.

Enfin, nous organisons le Prix Poésie des lecteurs de l’association Lire et faire lire. Ce prix permet la rencontre de plusieurs centaines de lecteurs bénévoles et d’élèves (plus de 6000 l’an dernier !) autour de quatre ouvrages de poésie contemporaine, en temps scolaire ou périscolaire.

Quels retours avez-vous sur la réaction des écoliers face à la poésie ? Comment la perçoivent-ils ?

Jean-Pierre Siméon : Je mène, presque toutes les semaines, des rencontres en milieu scolaire et rencontre de nombreux élèves et enseignants. Ma conviction, sur laquelle repose notre travail au Printemps des Poètes, est que les enseignants doivent se faire passeurs de poèmes auprès des élèves, et leur faire entendre des voix contemporaines. Ainsi, le Printemps des Poètes ne se substitue pas aux professeurs, mais apporte une pratique artistique vivante, en menant à des rencontres avec les auteurs. Il ne faut pas perdre de vue que, au-delà du corpus classique proposé aux élèves, le répertoire contemporain suscite également beaucoup d’enthousiasme. La rencontre avec l’auteur « vivant », « en chair et en os », permet de déconstruire l’image du poète un peu farfelu, éthéré, stéréotypé. La découverte de son univers, plus ou moins proche des classiques du programme scolaire, permet également d’ouvrir l’enfant sur une pluralité de tons, de styles, de sujets. De l’assertion de départ « La poésie, c’est ça », les enfants en viennent à se demander « Qu’est-ce que la poésie ? » sans avoir d’idée préconçue en tête. C’est de cette impossibilité à l’enfermer dans une définition que la poésie tire toute sa richesse. Et cet engouement pour la poésie ne touche pas que les très jeunes ! Pour preuve, Sciences-Po Paris propose désormais des cours de poésie à ses élèves, qui sont si enthousiastes qu’ils rejoindront les centaines de personnes attendues le 9 mars au Trocadéro, pour danser avec José Montalvo, chorégraphe de la scène nationale de Chaillot, sur le poème « Liberté » de Paul Eluard.

INFOS PRATIQUES

Printemps des poètes

Dans toute la France

Du 8 au 23 mars 2014

SUR LE WEB

Printemps des poètes

 

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