Qu’est-ce que la photographie ?

8/03/2015 à 00h05, Auteur : rédac-rss // internet-high tech-informatique

 A l’heure du succès d’Instagram, réseau social de partage de photos, le Centre Pompidou présente l’exposition Qu’est ce que la photographie ? Elle rassemble une cinquantaine d’oeuvres réalisées par des artistes qui se sont eux- mêmes posés cette question. Un parcours passionnant à travers l’histoire de cet art, à découvrir du 4 mars au 1er juin, à la nouvelle Galerie de Photographies.

Une question, des réponses multiples. Pour le commissaire de l’exposition, Clément Chéroux,

« Qu’est ce que la photographie ? est une grande question, qui se pose depuis les débuts de la photographie en 1839. Il nous a paru intéressant d’associer un certain nombre d’artistes de Man Ray à Jeff Wall, qui se sont eux-mêmes posés cette question à un moment de leur parcours et ont tenté d’y répondre par une image ou une série de photographies, par la pratique plutôt que par la théorie. » L’exposition montre que la réponse à cette question est multiple. « Le visiteur passe de réponses terre à terre sur les techniques à des réponses plus métaphoriques. Pour un artiste, la photographie est un jeu avec la lumière, pour un autre, un jeu avec les ombres, pour un autre encore, le temps, un laboratoire, ou des reflets. Cette exposition montre que les réponses sont très diverses et que c’est dans cette diversité qu’est la réponse à cette question. »

 

De l’envie au cadrage. Si la photographie commence avec l’envie de regarder, elle peut se définir comme une attirance pour la lumière comme le rappelle Brassaï dans sa série de clichés représentant un papillon de nuit et sa fascination pour la lumière, à l’image de Brassaï lui-même et ses explorations nocturnes de Paris. Pour d’autres artistes, la photographie se définit par ses matériaux et la technique.

 

C’est le propos de James Welling qui représente dans ses clichés, la gélatine utilisée pour la photographie argentique, liant qui associe les grains de lumière les uns avec les autres. Autre approche : celle d’Abelardo Morell qui utilise par exemple le principe de la « camera obscura » dans ses compositions étonnantes mêlant intérieur et extérieur. Pour John Jilliard, la photographie est une question de cadrage et de point de vue, alors que Mariusz Hermanowicz attache de l’importance à l’effet de surprise inhérent à la pratique de cet art avec sa série Le vieil Appareil photo.

 

De l’expérimentation à la compréhension du monde. La photographie peut encore être vue comme un laboratoire d’expérimentation. C’est le cas du travail de Michel Campeau sur les chambres noires ou du photographe expérimental Tim Rautert, avec sa série Bildanalytische Photographie (Analyse de la photographie par l’image). La photographie peut également se concevoir comme un écart entre la réalité et l’image. C’est le cas avec l’oeuvre complexe de Jeff Wall Picture for women où la photographie est définie comme un reflet. Pour Clément Chéroux, « cette oeuvre est inquiétante. En la regardant, on ne peut s’empêcher de se poser des questions comme : où sommes nous ? où se trouve le miroir ? comment les sujets sont ils placés face au miroir ? »

La photographie apparaît aussi comme une ressource, une clé pour comprendre le monde. C’est par exemple le cas avec Les images de Florence Paradeis, cliché qui représente une jeune femme découpant et triant des photos dans des journaux.Le point de vue d’Ugo Mulas. La dernière section de l’exposition présente un projet entrepris par le photographe italien Ugo Mulas à la fin de sa vie. Cette série Verifica (Les Vérifications) constituée de 12 panneaux, accompagnés de textes rédigés par l’artiste, a été acquise par le Centre Pompidou il y a 4 ans. Ce photographe a collaboré avec de nombreux artistes d’avant-garde dans les années 1980, les accompagnant dans leur travail et leur atelier. Dans cette série, il s’interroge sur son activité de tous les jours : la photographie. Il resitue son activité par rapport à l’histoire de la photographie en se référant à Nièpce et l’histoire de l’art en se référant à Marcel Duchamp. Il se met lui-même en scène dans deux autoportraits, en particulier Autoportrait pour Lee Friedlander, où il joue sur la présence du photographe à travers son reflet et son ombre.« L’exposition, conclut Clément Chéroux, joue sur cet écart entre des réponses techniques très simples comme : la photographie c’est des grains d’argent, et des réponses plus métaphoriques comme : la photographie est une clé pour comprendre le monde. L’enjeu c’est que le visiteur qui découvre ces diverses réponses se pose lui même la question. » Une exposition enrichissante qui invite le visiteur à s’interroger à son tour sur cette activité très répandue qu’est la photographie aujourd’hui et ce qu’elle représente pour chacun d’entre nous

 

 

La Galerie de Photographies. L’enjeu de ce nouvel espace, ouvert en novembre 2014 et en accès libre, est de donner plus de visibilité à la collection de photographies du Centre Pompidou. Avec 40 000 pièces, c’est une des plus importantes collections en Europe pour sa qualité des œuvres conservées. Chaque année, 300 à 400 photographies sont montrées dans les espaces du musée. Dans la Galerie de Photographies, trois types d’expositions sont présentées : des expositions à caractère historique (sur la période de l’entre deux guerres) comme l’exposition sur Jacques André Boiffard qui a inauguré l’ouverture de la Galerie, des expositions consacrées à des artistes contemporains des années 1980 à nos jours (la prochaine exposition portera en juillet sur Anna et Bernard Blume) et des expositions thématiques autour de grandes questions qui traversent l’histoire de la photographie.

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