Lutte contre l’alcool

24/06/2016 à 07h31, Auteur : rédac-rss // Beauté-santé

La Cour des comptes a rendu public, le 13 juin 2016, un rapport thématique consacré aux politiques publiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool. L’expression "consommations nocives d’alcool" est préférée au terme "alcoolisme" pour ne pas réduire le champ d’étude du rapport, qui met en lumière les multiples usages de l’alcool.

 

La consommation globale d’alcool en France baisse à un rythme régulier depuis les années 1960 mais elle reste néanmoins près de 30% supérieure à la moyenne européenne. En outre, la baisse de la consommation globale n’élimine pas les comportements à risque, en particulier chez les jeunes avec "le binge drinking" (alcoolisation ponctuelle importante sur une courte période), les femmes enceintes ou les populations précaires. Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), la consommation moyenne en France atteint 12 litres d’alcool pur par an et par habitant. L’Observatoire recense près de 8,8 millions de consommateurs réguliers d’alcool. L’alcool causerait chaque année, selon la dernière étude épidémiologique publiée en 2013, 49 000 décès.

 

Le rapport constate d’abord l’absence de consensus sur les dangers d’une consommation nocive d’alcool. L’alcool continue à occuper une place particulière dans l’économie et la vie sociale françaises, ce qui conduit à sous-estimer ses effets négatifs. Le poids économique du secteur des boissons alcoolisées (22 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 555 000 emplois directs et indirects) est particulièrement notable en France. En l’absence de consensus entre les acteurs de la santé, de la sécurité publique, de l’économie, il revient aux pouvoirs publics d’afficher des objectifs clairs en matière de lutte contre la consommation d’alcool en s’appuyant sur une culture scientifique commune. Or l’action publique peine à agir sur les comportements : la réglementation de la distribution est en décalage par rapport aux habitudes de consommation, le dépistage de l’alcool au volant reste difficile à mettre en oeuvre, l’éducation à la santé et à la sécurité routière est encore insuffisamment développée. En outre, la Cour considère qu’il n’existe pas une politique mais des actions juxtaposées de lutte contre les consommations nocives d’alcool dont les résultats sont globalement décevants et mal évalués, faute d’une coordination permettant de surmonter leurs contradictions.

 

Face à ces constats, la Cour insiste sur l’urgence d’élaborer un programme de lutte contre les consommations nocives d’alcool, au sein du plan contre les addictions. Elle invite par ailleurs l’État à provoquer une prise de conscience sur les risques de l’alcool et à renforcer ses moyens d’action en rénovant et renforçant l’impact des mesures existantes : fiscalité, réglementation de la distribution, du lobbying et de la publicité, développement du contrôle et des sanctions de la conduite en état d’alcoolisation. La Cour conclut son rapport par onze recommandations précises en vue d’établir une politique efficace de lutte.

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